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L’imam ash-Shafi’i et la science d’al firassah

L’imam ash-Shafi’i s’intéressa fortement à la physiognomonie (علم الفراسة-la science d’al firassah), qui est une méthode fondée sur l’idée que l’observation de l’apparence physique d’une personne et principalement les traits de son visages peut donner un aperçu de son caractère ou de sa personnalité. Ainsi ar-Rabi’ a dit :

« J’étais avec al Muzani et al Buwayti chez ash-Shafi’i. Il nous regarda et me dit :

« Toi, tu mourras dans la quête du Hadith. »

Il dit a al Muzani :

« Celui-ci, s’il faisait un débat avec sheytan, il le vaincrait par la force de son argumentation. »

Puis il se tourna vers al Buwayti et lui dit :

« Quant à toi, tu mourras emprisonné et enchaîné. »

J’entrais auprès d’al Buwayti durant la période de l’épreuve et je le vis enchaîné à des carcans. »

ash-Shafi’i nous relate ceci :

« J’ai voyagé au Yémen à la recherche de livres traitant de le physiognomonie. Je les collectai et les recopiai entièrement. Sur le chemin du retour je passai devant un homme assis dans la cour de sa maison. Il avait les yeux bleus, le front proéminent et était imberbe. Je lui demandai :

« Me donneras-tu le gîte? »

L’homme répondit par l’affirmative. Sa description physique correspondait à la catégorie des pires gens selon la physiognomonie, cependant il m’accueillait chez lui, je le trouvai être parmi les gens les plus généreux qui soient. En plus du gîte, il me fit parvenir un délicieux repas, du foin pour ma monture et un matelas avec une couverture. Je ne fis que me retourner dans mon lit toute la nuit à me demander ce que j’allais bien faire de ces livres maintenant. En effet, malgré cette description, je constatais qu’il était le plus généreux des hommes. Je me suis alors dit que je devais jeter ces livres. Au petit matin je demandai à mon serviteur de seller ma monture, ce qu’il fit. Me tournant vers mon hôte, je dis :

« Si un jour tu te rends à Mekkah, et que tu passes par la vallée de Tuwa, demande la maison de Muhammad ibn Idriss ash-Shafi’i. »

Mais l’homme me lança alors :

« Suis-je l’esclave de ton père? »

« Non » Répondis-je.

Il reprit :

« T’étais-je redevable de quelque chose? »

« Non »Poursuivis-je.

« Alors où est donc ce que j’ai dépensé pour toi hier ? » Pesta-t-il.

Je lui demandai :

« De quoi parles-tu? »

Il enchaîna :

« Je t’ai acheté de la nourriture pour deux dirhams, des condiments pour la même somme, du parfum pour trois dirhams, du foin pour ta bête pour deux dirhams, et enfin la location du matelas et de la couverture est de deux dirhams! »

Je dis alors à mon serviteur:

« Ô jeune homme ! Donne lui ce qu’il demande ! »

Je questionnai alors l’homme :

« Y-a-t-il autre chose que je te dois? »

Il me rétorqua :

« La location de la maison ! En effet, je t’ai fait de la place alors que je me suis mis à l’étroit pour toi? »

J’étais ravi d’avoir conservé mes livres. Je lui dis :

« Y-a-t-il autre chose que je te dois? »

Il me répondit :

« Va-t’en ! qu’Allah t’avilisse ! »

Je n’ai jamais vu pire personne que lui ! »

[Extrait du livre : Les plus beaux récits des savants de la Sounnah tiré du livre siyar A’lam an-noubala de l’imam adh-dhahabi- traduit en français aux éditions « islam chroniques par islam audio]

*l’imam Ibn ul Qayyim en parle de cette science dans « madarij as salikine »

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